essai carrousel vertical

Insectus bizarrus

Les sculptures singulières apparaissent pour la première fois en 1996, avec la série « Des machines et des Hommes ». Cette série qui s’est amusée  à mélanger des modelages en terre avec des éléments de récupération de bois et de métal a marqué un vrai tournant dans le processus créatif.

Après avoir réalisée ces personnages chevauchant des machines improbables, j’ai commencé à ramasser des bouts de bois. Je voulais faire des animaux qui auraient accompagné les humains. Mais petit à petit, ces animaux qui étaient surtout des oiseaux ont commencé à prendre leur envol, et ont fini par se retrouver tout seuls sur le devant de la scène. Cela a donné une première série que j’ai appelé : Drôles d’oiseaux.

Trois autres séries ont suivi ces oiseaux en déclinant les possibilités offertes par cette technique, avec des racines d’abord, en rajoutant des habits par la suite, et enfin en faisant des associations de personnages, moitié animaux moitié humains. Ce sont :
Danses et autres diableries
La mode et les apparences
Fantasmagories

  • Dans la première moitié du XXè siècle, de nombreux médecins commencent à collectionner les dessins et peintures de leurs patients. Des collections sont constituées par Hans Prinzhorn à Heidelberg en Allemagne, et le médecin Morgenthaler à Berne.
  • Dubuffet qui a visité plusieurs de ces hôpitaux psychiatrique, commence à collectionner ce type de travail. En 1945, « Dubuffet baptise « art brut » un art qu’il collectionne depuis plusieurs années, art qui comprend à la fois l’art des fous et celui de marginaux de toutes sortes : prisonniers, reclus, mystiques, anarchistes ou révoltés « Danchin et Musardy en 1995
portrait de Jean Dubuffet
Jean Dubuffet
  • Autre définition donnée par Dubuffet en 1949, lors d’une exposition de ses oeuvres à la galerie Drouin à Paris :
    « Nous entendons par là des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique, dans lesquels donc le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part, de sorte que leurs auteurs y tirent tout (sujets, choix des matériaux mis en œuvre, moyens de transposition, rythmes, façons d’écriture, etc.) de leur propre fond et non pas des poncifs de l’art classique ou de l’art à la mode. Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions. »
    (Jean Dubuffet, L’art brut préféré aux arts culturels, 1949 )
  • Autre définition donnée en 1964 Par Dubuffet lui-même :
    « Œuvres ayant pour auteurs des personnes étrangères aux milieux intellectuels, le plus souvent indemne de toute éducation artistique, et chez qui l’invention s’exerce, de ce fait, sans qu’aucune incidence ne vienne altérer leur spontanéité. »
    (Jean Dubuffet, Fascicule de l’art brut, 1964)
  • Dubuffet constitue une collection d’œuvres qui sera d’abord administrée par la Compagnie de l’art brut à Paris. Devant le refus des autorités françaises de transformer cette collection en Musée, la totalité de ces œuvres sera donnée au Musée de Lausanne en 1971, où elle se trouve toujours, sous l’appellation de la « Collection de l’Art Brut ».
  • Principaux lieux français où on peut trouver de l’Art Brut : la Fabuloserie à Dicy, le Musée de la création Franche à Bègles, le Musée de Villeneuve d’Asq (qui a agrandi ses locaux en 1997 pour accueillir la Collection de l’Aracine), Musée d’art brut Fernand Michel de Montpellier, La Halle Saint Pierre à Paris (avec de remarquables expositions temporaires), la Maison Rouge (du collectionneur    mais qui va fermer en 2018), la collection ABCD à Montreuil, la galerie Christian Berst à Paris. Bien sûr, le Musée le plus important de l’Art brut se trouve à Lausanne depuis 1975 au lieu d’être en France !!!
  • Quelques écrits pertinents sur l’Art Brut : Michel Thévoz, L’Art Brut, Genève, Albert Skira, 1975, 225 p / Françoise Monnin, L’Art brut, tableaux choisis, Paris, Scala, 1997, 127 p. / Laurent Danchin, Martine Lusardy et al., Art ousider et Folk art des collections de Chicago, Paris, Halle Saint Pierre, 1999, 229 p
  • Une revue particulièrement importante au niveau international : RAW VISION
  • L’art singulier est un mouvement artistique contemporain qui regroupe un certain nombre de créateurs autodidactes ayant volontairement ou non établi une distance avec l’art officiel.
  • Autres noms utilisés pour désigner ce type d’oeuvres : « art en marge », « art cru », « création franche » ou encore « art hors-les-normes ». En anglais c’est  « Outsider Art ».
  • Quelques artistes de cette mouvance : Gaston Chaissac (1910-1964), Robert Tatin (1902-1983), Sanfourche (1929-2010), pour les plus anciens qui ont été adoubé par Dubuffet. Mais aussi Stani Nitkowski et Michel Macréau, défendus par la galerie « l’oeil de Boeuf » de Cérès Franco.
  • Le terme de « singulier » serait apparu lors de la manifestation « Les Singuliers de l’Art », organisée en 1978 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
  • Quelques revues pertinentes sur le sujet : Artension, l’œuf sauvage, Hey, Raw Vision
  • Quelques manifestations caractéristiques : Festival de Banne (Ardèche), Biennale Hors Normes de Lyon, Festival d’art singulier d’Aubagne, Festival d’art singulier de Miermaigne, Festival Hors-les-Normes de Praz-sur-Arly, Grand Baz’art à Bézu, Festival ArtenSeine de Saint-Aubin-les-Elbe, Festival de Dives-sur-Mer (Calvados), Biennale d’art singulier de Dijon.
  • Quelques galeries qui défendent l’art Singulier : la galerie Béatrice Soulié à Paris, la galerie Singul’Art de Lyon, Le Hang-Art (Saffré), L’Arrivage de Troyes.
  • Quelques musées ou lieux d’exposition navigants de l’art brut à l’art singulier : Musée de la Création Franche de Bègles, L’Art en Marche de Lapalisse, la Halle Saint Pierre de Paris,  Musée Henri-Rousseau de Laval.
Celèbre galeriste d'Art Naïf et d'Art Singulier, qui a tenu la galerie parisienne "l'Oeil de Boeuf" de 1972 à 1994. située au 58 de la rue Quincampoix 75004 Paris
Cérès Franco
  • Cérès Franco est d’origine brésilienne. Elle est née à Bagé, en 1926 dans l’État de Rio Grande do Sul au Brésil. Aux gré de ses lectures et découvertes, elle développe très tôt une passion pour les arts.
  • En 1949, elle arrive aux États Unis pour étudier l’Histoire de l’Art à l’Université de Columbia, puis à la New School de New-York. Elle y restera presque 2 ans.
  • En 1951, elle s’installe à Paris, visite musées et galeries, devient critique d’art et se passionne pour les œuvres des artistes dont les modes d’expression contournent ou mettent en cause les codes en vigueur.
  • En 1962, elle organise sa première exposition de peinture à Paris, dans une cave à Saint Germain des Prés. Elle demande aux artistes de travailler sur un format ovale ou rond. Cette exposition s’intitule « l’œil de Bœuf », et ce nom deviendra le nom de la galerie qu’elle ouvrira une dizaine d’années plus tard.
  • De 1962 à 1972, elle organise plusieurs expositions : Formes et magie à Paris (sous le patronage de Jean Cocteau), Opinio 65 et Opinio 66 au Musée d’Art Moderne de Rio de Janeiro. En 1972, le gouvernement brésilien la charge de la sélection des meilleurs artistes brésiliens pour la Triennale d’Art Naïf de Bratislava. Elle recevra pour cela le prix de la meilleure sélection nationale.
  • En 1972, elle ouvre une galerie au 58 de la rue Quincampoix qu’elle appelle « L’œil de Bœuf », et qui sera la première galerie de cette rue. C’est une intuition magnifique, puisque le Centre Beaubourg sera inauguré dans le quartier en 1977. Elle y soutient des artistes de la Nouvelle Figuration de l’École de Paris (Marcel Pouget, Jean Rustin, Michel Macréau, Jacques Grinberg, Corneille, Abraham Hadad), des peintres politiquement engagés contre la dictature de leur pays (le brésilien Gontran Netto, le chilien Marcos ou le grec Gaïtis), mais aussi des artistes considérés comme singuliers (Stani Nitkowski, Jaber, Chaïba, Christine Sefolosha).
  • Alors que dans cette période en France règne l’Art Abstrait, le Conceptuel, le Minimalisme…  Cérès Franco s’entoure d’œuvres figuratives créées par des artistes alors à leurs débuts (Rustin, Nitkowski) et apparait comme une véritable découvreuse de talent. La galeriste noue des liens d’amitiés forts et se nourrit d’échanges complices avec tous ces artistes . (Voir à ce sujet le livre des lettres de Stani à Cérès). Elle aime aussi vivre entourée de leurs œuvres et devient naturellement une collectionneuse de cet art qu’elle défend dans sa galerie.
  • En 1994, Cérès Franco inaugure deux maisons à Lagrasse dans l’Aude et y installe la totalité de sa collection qu’elle ouvre au public.
  • En 2010, une première partie de sa collection est présentée au Musée des Beaux Arts de la Ville de Carcassonne. Une tractation est pratiquement finalisée pour que le Musée reçoive une donation complète de sa collection. Le changement de municipalité de 2014 fait capoter l’opération au dernier moment, le nouveau maire prétextant des raisons économiques pour refuser la collection Franco, soit un trésor de 1700 pièces d’art brut et naïf venant du monde entier.
Ce musée situé à Montolieu regroupe l'essentiel de la collection rassemblée par la célèbre galeriste Cérès Franco.
La Collection Cérès Franco

  • Lorsque Henri Foch, banquier à BNP-Paribas apprend la défection de la nouvelle municipalité, il est révolté
  • Il achète l’ancienne cave coopérative viticole de Montolieu, un bâtiment de style Art Deco construit en 1938 par une association de viticulteurs
  • Une nouvelle association est créée qui reçoit en donation les bâtiments achetés par Henri Foch, et une partie de la Collection de Cérès Franco.
  • L’actuelle Présidente de l’Association est Dominique Polad-Hardouin, la fille de Cérès Franco.
  • Cette Collection est forte de 1700 œuvres qui couvrent la 2e moitié du XXe et le début du XXIe
  • Elle comporte des naïfs brésiliens et européens, de l’art populaire sud-americain, des œuvres d’autodidactes pouvant être assimilées à l’art brut (Chaïbia, Jaber, Christine Séfolosha, Philippe Aïni), quelques artistes historiques issus du mouvement Cobra (Corneille) ou de la Nouvelle Figuration (Michel Macréau, Marcel Pouget, Jacques Grinberg) et des artistes qu’on peut classés dans l’Art Singulier (Nitkowski, Rustin)
  • Localisation : 5, route d’Alzonne / 11170 Montolieu  /Tél :  + 33 4 68 76 12 54 / Email : info@collectionceresfranco.com
  • Informations pratiques : Ouvert du 31 mars au 4 novembre 2018  / Tous les jours sauf lundi, de 14h à 19h / Ouverture exceptionnelle les lundis fériés
  • Plus d’informations : Collection Cérès Franco

a) en résumé

  • Atteint de myopathie et cloué sur un fauteuil roulant dès l’âge de 23 ans, Stani Nitkowski a composé sur le papier et sur la toile un fantastique hymne à la vie, avec une violence et une passion fulgurante. Il laisse une œuvre bouleversante et d’une grande acuité.
  • Abandonnant rapidement l’abstraction, il commence à dessiner avec de l’encre et expose pour la première fois en 1974. Sur les conseils de Jean Dubuffet et de Robert Tatin, il rencontre Cérès Franco qui l’accueillera dans sa galerie, l’œil de Bœuf, à plusieurs reprises. Il exposera par la suite à la galerie Vanuxem et aussi à la galerie des « filles du Calvaires »
  • l’artiste se suicide à l’âge de 52 ans
  • Son travail d’artiste est profondément marqué par sa maladie. Son œuvre est forte, noire, torturée, à l’image de sa vie

b) Quelques œuvres de Stani Nitkowski, au Salon de Figuration Critique de 2017

Ces deux peintures ont été exposées dans le salon 2017 de Figuration Critique.

Peinture d'Art Singulier réalisée par Stani Nitkowski, probablement en 1989.
la reine d’Arles
peinture d'Art singulier réalisée par Stani Nitkowski en 1986.
le vert galant

c) Biographie de Stani Nitkowski (1949-2001)

1949 – Naissance à La Pouëze (Maine et Loire). Son père est mineur d’origine polonaise

1972 – se retrouve dans un fauteuil roulant à cause de sa myopathie. Commence à dessiner

1974 – première exposition à Angers

1976 – Se marie avec Martine. Habite avec elle et ses deux enfants. Le couple aura 3 enfants.

1979 – fait la connaissance de Robert Tatin à Cossé-le-Vivien. Début d’une petite correspondance avec Jean Dubuffet

1980 – présente ses travaux au Musée de Robert Tatin

1981 – vient à Paris, rencontre Cérès Franco à la galerie l’œil de Bœuf

1982 – première exposition personnelle à Paris à l’œil de Bœuf. Autres expositions personnelles chez Cérès en1987, 1989, 1991

1985 – début d’une collaboration qui dure 13 ans avec la galerie Vanuxem. Expositions personnelles chez Vanuxem en 1985, 1987, 1990, 1993, 1995 1996

1982/1992 – plusieurs expositions personnelles à Laval, Nantes, Rennes, Angers, La Pouëze, Etats-Unis. Nombreux articles et publications

1989 – Quitte Martine et les enfants. Passe un an à Tours, revient habiter Angers où il s’installe dans son dernier atelier, avenue Pasteur. Martine s’occupera de lui tous les jours

1991 – Publication de 40 dessins dans un ouvrage sous la direction de Pierre Dukan : « Ecrits avec son propre sang »

1993 – Rétrospective : « Vingt ans de peinture », au Musée du Pilori à Niort.

1999 – dernière exposition de son vivant, avec les peintures noires « Entre chairs et corps », galeries des filles du Calvaire (Paris)

De 1999 à 2001, participation à quelques expositions collectives et salons (Paris, Angers..)

Février 2001 – Décès de son fils musicien, Flavien

2 avril 2001 – Suicide de Stani Nitkowski

2002 – « La lucarne magique », galerie idées d’artistes

2003 – « Le grand bond », Salle Chamelier, Angers

2006 – « Parcours », galerie Idées d’artistes, Vanuxem et Sellem, Paris- Abbaye d’Auberives, Haute-Marne

2006 – Publication d’un ouvrage monographique, éditions de l’Abbaye d’Auberives.

2011 – « Hommage », galerie Polad-Hardouin

2016 – « L’esprit Singulier », collection de l’Abbaye d’Auberives, Halle Saint Pierre de Paris

 Biographie tirée de « Stani à Cérès, lettres d’un ami » (2011), galerie Polad-Hardouin